La cathédrale Notre-Dame de Paris est un chef d’oeuvre architectural reconnu internationalement. L’incendie catastrophique de la semaine dernière(16 avril 2019), qui aura détruit une majeure partie de la toiture et la flèche symbolique, a placé la cathédrale au centre de l’actualité.
Localisée sur l’Île de la Cité, ce monument occupe une grande partie de l’horizon de Paris depuis plus de 850 ans. Cette église-cathédrale, dédiée à la Vierge Marie, s’inscrit comme précurseur de plusieurs méthodes de construction du style architectural gothique au Moyen Âge. Avec l’utilisation des méthodes de construction élaborées depuis l’Antiquité, la cathédrale verra sa première pierre angulaire posée en 1163, en présence du Pape Alexandre III. Retournons dans le temps et explorons comment cette oeuvre majestueuse est venue au monde.
Notre-Dame de Paris futérigée sur le site de l’ancienne église St-Étienne. Il semblerait que plusieurs autres églises et temples auraient été construits et démolis sur le même site sacré. Maurice de Sully était l’évêque de Paris entre 1160 et 1196. En 1163, il a lancé la construction de la cathédrale pour regrouper plusieurs fonctions de l’Église en un même édifice. Sur une période de 182 ans, Paris a vu s’élever le monument gothique qui, éventuellement, deviendrait un des bâtiments les plus visités au monde.
1163-1182: La construction du chœur et le double déambulatoire
1182-1190: La construction des dernières travées de la nef et le début de la nef
1190-1225: La construction des premières travées de la nef, la suite de la nef et le début de la construction de la façade
1225-1250: La construction des tours de la façade et le haut de la façade, la flèche et les chapelles, l’agrandissement des fenêtres et l’incorporation des grosses rosaces et des arc-boutants
1250-1345: La finition de la cathédrale avec la construction des ailes nord et sud avec les rosaces, la finition du transept et la réfection des arcs boutants
Ce gigantesque chantier, dirigé par quatre architectes(maîtres d’oeuvres) différents entre 1163 et 1250, suivi de plusieurs autres entre 1250 et 1345, afficheles traces de plusieurs générations d’artisans. Notre-Dame fera ressortir les styles architecturaux roman et gothique propres aux années de sa construction. La géométrie de la cathédrale démontre l’utilisation antique de la géométrie anthropométrique(le carré, le cercle, le triangle et le corps humain). Construite en forme de crucifix et orientée vers l’Orient de la Jérusalem céleste, la cathédrale, bâtie de pierre, de bois, de fer et d’immenses vitraux, mesure environ 130m de long par 48m de large et 35m de haut. À son époque, elleprétendait être le plus grand édifice jamais construit. De plus, sa charpente, surnommée La Forêt, est composée de la plus grande quantité de chêne jamais vue dans une même construction(approximativement 21 hectares). La toiture de Notre-Dame contenait aussi plus de 1320 plaques de plomb. Le poids de ce matériaux était tellement élevé qu’il fallait faire preuve d’innovation pour le supporter. À l’origine, l’objectif du choix du style gothique était de permettre de bâtir plus haut et plus grand sans compromettre la luminosité et la stabilité de la cathédrale.
Les innovations du gothique:
Pour atteindre la splendeur désirée par les bâtisseurs, ils ont dû redoubler d’innovations. Avant l’ère gothique, pour bâtir haut, nous devions ériger de très gros murs à la base et amenuiser son épaisseur à mesure que celui-ci montait. De plus, les limitesà la hauteur et à la largeur des murs diminuaient d’autant les possibilités d’agrandir les fenêtres. En limitant la lumière naturelle, on créait des bâtiments très imposants et sombres.
De ce fait, l’arche gothique est la première innovation qui a permis aux bâtisseurs de construire plus haut. Cet modèle d’arche change la direction des contraintes appliquées. En effet, l’arche roman transpose les forces d’avantage àl’horizontale, tandis que l’arche gothique s’appuie de manière plus verticale. De cette façon, les charges se propagent mieux vers le sol, permettant plus de hauteur aux bâtiments.
On réalisa par la suite que les arches de Notre-Dame étaient tellement hautes que même l’arche gothique n’était plus suffisante pour supporter les contraintes. Problème qui mena à l’élaboration des arcs boutants. En effet, avec des contre-forts au bas des murs et des pinacles, les premiers donnent plus de masse aux murs et réduisent le risque de basculement, tandis que les seconds en augmentent l’esthétisme.Les forces maintenant appliquées sontredistribuées en passant par les arcs-boutants ajoutéssur un deuxième mur. Le toutpermettant de la hauteur, de la largeur et de la prestance à l’immeuble, atteignant ainsi la spectaculaire ampleur de Notre-Dame.
L’arche gothique, les arcs-boutants et les voûtes font partis des nombreuses innovations du style gothique permettant à Notre-Dame de Paris d’être constitué de murs étroits, mais assez forts pour incorporer des fenêtres et vitraux de grande taille. Les gigantesques vitraux de la cathédrale racontent l’histoire présentée dans la Bible et éclairent l’endroit de couleurs somptueuses.
La grue du médiéval:
Autre problème rencontré;comment hisserdes pierres, pesant plus de 3 tonnes chacune, tout en haut du bâtiment le plus grand du monde, bien plus haut encore que les pyramides? LA CAGE D’ÉCUREUIL! Cette immense roue en bois fut placée tantôt dans La Forêt de Notre-Dame et tantôt au sol,une corde reliée à son axe.À l’intérieur, 1 ou 2 personnes pouvaient marcher tranquillement pour faire monter les pièces, pesant plus de 6 fois leur poids,tout en haut de la cathédrale. (vidéo de la cage d’écureuil)
L’innovation de Notre-Dame de Paris a révolutionné la construction de bâtiments. Malheureusement, la majeure partie du corps de la cathédrale a été perdue la semaine dernière.Par contre, les idéologies, technologies et innovations que la réalisation de cette oeuvre a apportée influenceront à jamais le secteur de la construction.